Gimh [Histoires courtes]

Ma course effrénée à travers la flore luxuriante fut soudainement interrompue lorsque, débouchant sur une clairière, mon regard fut attiré par le reflet d’un rayon du soleil levant. Je tournais la tête pour être ébloui par la blancheur d’une magnifique tour d’ivoire se dressant fièrement au milieu des arbres montant jusqu’aux cieux. Au pied de la tour, des ruines à perte de vue se confondaient avec la flore, preuve que l’antique cité s’étalant à mes pieds était depuis longtemps tombé dans l’oubli. Seule restait intacte cette tour lumineuse, semblant ne pas être touché par le passage du temps. Alors que je restais figé dans ma contemplation j’entendis derrière moi des bruits de pas se rapprochant à grande vitesse, bien que j’entendis mon esprit sonner l’alerte, je ne pouvais sortir de ma torpeur, comme hypnotisé par la splendeur de cette tour si étrange. Seul un choc brutal dans mon dos me projetant en avant me fit reprendre mes esprits. Je m’écroulais, sentant le poids d’un autre corps sur moi, me retournant vivement je projetais mon assaillant sur le coté et me relevait aussi rapidement que possible, empoignant dans le même temps mon épée. J’allais porter un coup fatal, lorsque j’entendis l’homme à terre crier mon nom, c’était Holdan. Je parvins juste à temps à dévier mon attaque, ma lame frappant violement le sol.
Une fois remis de cette émotion j’aidais Holdan a se relever, mais notre temps était compté, non loin de là, une vingtaine d’hommes suivaient nos traces avec pour seul désir de nous faire passer de vie à trépas.

Je me disais alors que notre acte héroïque survenu un plus tôt ne nous avait valu que des ennuis. Mais cette nuit là, alors qu’Holdan et moi arpentions les rues d’une sinistre ville, les cris d’une femme avaient attiré notre attention, nous nous étions retrouvé devant un spectacle des plus écoeurant, une sombre brute retenant entre ses mains une jeune femme, tentant de la violer. Holdan comme à son habitude c’était précipité au secours de la pauvre victime, invoquant la puissance divine de Mitra son bâton vint frapper de plein fouet la nuque du violeur. La jeune femme partie en courant poussant des cris de terreur, elle fut fauché quelques mètres plus loin par une lame, au détour de la ruelle. Dégainant mon épée, je vis un nombre important d’hommes vêtus des mêmes vêtements que le violeur foncer droit sur nous. Des mercenaires sans doutes, dans leurs cris de rage je compris que l’homme qu’Holdan avait abattu était un de leurs chefs. Ils étaient bien trop nombreux pour que nous puissions les affronter, aussi une course poursuite désespérée débuta, et nous nous engouffrâmes dans la forêt bordant la ville, caressant l’espoir de pouvoir les semer. C’est ainsi que nous étions arrivé aux abords de cette cité en ruine.

Alors que j’entendais dans le lointain, portés par le vent, les cris de nos poursuivants, Holdan me saisi par le bras et m’indiqua la direction des ruines. Je compris rapidement ses intentions, il était vain de fuir, il fallait faire face. Et les ruines seraient un excellent terrain pour cela. Avec grande hâte nous gravîmes les marches qui s’étendaient devant nous pour arriver sur ce qui avait du être en son temps une magnifique place ronde entourée de nombreuses colonnes. Au centre se trouvaient les vestiges d’une fontaine dans laquelle l’eau s’écoulait encore doucement, diffusant un faible bruit dans l’étrange silence qui régnait en ces lieux. De l’autre coté de la place, une longue voie à moitié pavée et à moitié recouverte d’arbustes variés s’élançaient jusqu’à l’immense tour blanche qui m’avait subjugué quelques minutes auparavant. Holdan se précipita sans s’arrêter vers cette rue, je lui emboîtais le pas. Au bout de quelques mètres la voie s’étrécissait en un passage étroit suite à l éboulement des ruines de quelques anciens bâtiments. L’endroit rêver pour un piège, mon compagnon tendit un fil fin en travers du passage qu’il relia à un mécanisme dont lui seul avait le secret, le tout chargé par une substance violacée mortelle qu’il tirait de quelques plantes. Pendant ce temps j’explorais un peu plus avant les lieux, je tombais sur une grande arche donnant sur un escalier, celui-ci était encombré de nombreux gravats. Examinant de plus près je constatais que ces gravats n’était pas tés stables et ne demandaient qu’à dévaler la pente. Aussi me vint-il une idée. Mon piège en place je rejoignais Holdan, celui-ci arborait un sourire étrange sur son visage. Je connaissais cette expression et je savais que même si la mort venait nous frapper, nous ne partirions pas seuls. Laissant derrière nous les quelques surprises préparées pour nos poursuivants, nous nous dirigeâmes avec célérité vers la tour. A peine quittions nous la voie pavée que j’entendis derrière nous les premiers cris de d’agonie et de surprises, témoins du bon fonctionnement de nos pièges.

Nous nous retrouvâmes bientôt aux pieds de la tour. Elle me sembla de près encore plus magnifique, sa couleur blanche étincelait sous les premières lueurs du jour, et chaque centimètre carré de sa surface lisse était recouvert de runes étranges et indéchiffrables. Face à nous se dressait une immense porte de bois surplombée d’une statue à l’aspect monstrueux, ressemblant étrangement à un immense gorille avec des crocs de lion. Vainement j’essayais de pousser la lourde porte de bois qui nous bloquait le passage. Bientôt face à nous se dressèrent huit hommes à l’air furieux. Nos pièges avaient étaient meurtriers, mais cela n’avait pas suffit a tous les éliminer. Dans un cri de rage sanguinaire ils se jetèrent sur nous brandissant leurs armes au dessus de leur tête. Profitant de cette charge désordonnée je parvins a fendre en deux le crâne du premier assaillant, son sang jaillit et vint tacher les murs de la tour derrière nous. Et tandis qu’Holdan et moi lutions pour nos vies, une magie noire et ancienne s’éveilla dans la tour blanche, je compris plus tard que c’était le sang du mercenaire qui déclencha le déchaînement de ces forces magiques endormies. Une lumière rouge sang illumina chacune des runes gravées sur la tour, l’éclat écarlate monta jusqu’au sommet à une vitesse fulgurante, et dans un grondement semblable au tonnerre les yeux de la statue s’ouvrirent, jetant son regard jaunes emplis de fureur sur nous. Les mercenaires cessèrent aussitôt le combat, figés sur place par la peur lorsque la statue sortie de sa torpeur, poussant un rugissement à glacer les sangs du plus terrible des prédateurs. Holdan quand en lui se recroquevilla sur lui invoquant la faveur de Mitra, et ce n’est que grâce à mes instincts les plus basiques que je suis encore vivant aujourd’hui. Le monstre bondit avec une agilité surprenante sur les mercenaires, profitant que la bête soit occupé par nos assaillants, j’empoignais Holdan et l’entraînais avec moi dans une folle courses, je ne me retournais pas pour voir ce qu’il advint des mercenaires, mais les cris presque inhumain d’agonie que j’entendis alors que nous fuyons a toute jambes les ruines ne laissèrent aucuns doutes sur leur sort.

Aujourd’hui lors que je repense a cette ancienne cité, il m’est impossible de m’en remémorer le chemin, mais peut être es-ce mieux ainsi.

Cela faisait déjà quelques mois que j’avais rejoins la garnison de Tarantia. Affecté à la garde des portes ouest de la ville en ce début de nuit, je laissais mes pensées vagabonder, repensant aux temps pas si lointain où j’arpentais les routes en compagnie de mon vieil ami Holdan.
Mais Holdan n’était plus là à présent, le temps l’avait rattrapé soudainement et ne se sentant plus capable de continuer nos voyages, il était rentré chez lui en Aquilonie. Et quand à moi, me retrouvant seul et ne sachant que faire, je décidais de rejoindre l’armée Aquilonienne pour un temps. Ce qui me poussa à m’engager, je ne saurai le dire. Sans Holdan, l’envie de parcourir le monde m’avait abandonnée, à quoi bon découvrir les merveilles du monde si personne ne pouvait les partagés avec moi ? L’armée serait un refuge pour moi m’étais-je dit, et mon bras pourrait y être utile.
C’est ainsi que quelques jours après avoir quitté Holdan, je me retrouvais parmi les nouvelles recrues de Tarantia. Mon expérience dans le maniement de l’épée me permit de rapidement faire mes classes, et je me retrouvais garde dans la capitale.

La nuit était plutôt calme, l’hiver approchait et le temps était maussade, les gens ne restaient pas longtemps dehors, préférant rejoindre la confortable chaleur d’un feu de cheminée. Non loin de là, j’entendais les éclats de rires et les échos de chansons paillardes qui s’échappaient des fenêtres d’une taverne, m’invitant à les rejoindre. Les lieux étaient si tranquilles que l’appel en devenait presque irrésistible. Mais jamais je n’aurais quitté mon poste, chaque garde ne savait que trop bien ce qui l’attendait s’il se risquait à se dérober à son devoir. Le garde qui partageait avec moi ce poste, était un homme à la stature imposante, il me dépassait par la taille d’une bonne tête. Sa peau était aussi noire que la nuit, ses yeux d’un bleu intense affichaient un regard dur malgré l’absence de sourcils sur son visage. Sareb, c’est ainsi qu’il se nommait, avait débuté ses classes en même temps que moi, et nous avions toujours fait équipe ensemble. Bien qu’assez maladroit avec une épée, maladresse en partie dû a sa carrure, il avait réussi à s’imposer grâce à sa force physique impressionnante. Sareb était un bon camarade, toujours de bonne humeur, bien qu’il m’eu arrivé de le surprendre à se réveiller dans un sursaut, terrorisé, sans doutes hanté par les démons du passé. Pendant les quelques mois que nous passâmes ensemble, jamais il ne me parla de son passé, je savais seulement qu’il venait des lointaines terres du sud. Bien qu’il ne parla peu, Sareb et moi étions amis.

Rien ne laissa présager ce qui devait ce passé cette nuit là. Alors que Sareb était parti faire sa ronde habituelle, je restai seul devant les portes quand j’entendis un craquement sourd à quelques pas de là, je m’approchais prudemment en direction du bruit pour découvrir sur le sol le corps inanimé d’une femme. Je m’approcher d’elle et me rendit compte que celle-ci avait la gorge tranchée, ses vêtements prouvant qu’elle appartenait à une riche famille était recouvert de son sang qui s’échappait lentement de son corps. Je senti soudain une présence sur les toits juste au dessus de moi, levant précipitamment la tête j’eu à peine le temps de voir arriver le projectile, il vint percuter mon casque et je tombais à terre sous le choc, à moitié étourdi. Lorsque je reprenais mes esprits quelques secondes plus tard c’était pour voir Sareb me tournant le dos, faisant face à un individu vêtu totalement de noir, son visage dissimulé par une longue cape. Sareb avait l’épée au poing et jetait des regards interrogateurs dans ma direction tout en prenant garde de ne pas perdre de vu l’homme en noir. Je me relevais rapidement, passant une main sur ma tête à l’ endroit du choc je constatais une blessure légère sans gravité, aussi je rejoignais mon compagnon sortant à mon tour mon arme. C’est alors que l’homme qui nous faisait face se retourna brusquement et parti en courant pour s’engouffrer dans une petite ruelle a quelques mètres de là. Sans prendre le temps de réfléchir, ni même celui de m’équiper d’une torche, je me lançais à sa poursuite, Sareb sur mes talons. La ruelle dans laquelle avait disparu mon agresseur, était très étroite et se perdait dans la nuit. Je progressais lentement, à l’écoute du moindre bruit, tenant fermement mon épée, la situation n’était pas à notre avantage, et je ressentais au fond de moi comme un étrange pressentiment. Plus j’avançais, et plus la ruelle me semblait interminable, nous nous enfoncions lentement dans les profondeurs de la ville. A mesure que nous progressions, je le savais, nos chances de rattraper l’homme se réduisait, bientôt j’aperçus la fin de ruelle qui débouchait sur deux directions. J’hésitais à aller plus avant, ne voulant pas trop m’enfoncer dans le dédale des ruelles au milieu de la nuit. Je stoppais ma marche à l’intersection pour inspecter le sol à la recherche d’une trace lorsque soudain j’entendis un bruit derrière moi, je me retourner pour voir l’homme vêtu de noir tomber des toits entre nous deux, dans un mouvement rapide il se jeta sur Sareb dague en avant. Obéissant plus par réflexe que par réflexion je lançais ma jambe en avant attrapant les chevilles de notre assaillant. Celui-ci, déséquilibré, trébucha vers l’avant tandis que Sareb tentait d’abattre son arme sur lui. Alors que je pensais l’escarmouche terminée je vis l’homme se rassembler et faire une roulade, passant ainsi derrière Sareb. En moins d’une seconde il fut debout, sa dague venant se loger dans la nuque de mon ami. Le visage de Sareb se figea en une expression de surprise, et j’entendis son épée percuter le sol avant que lui-même ne s’écroule.

L’assassin s’éloigna d’un bond agile du corps sans vie. Me faisant face il sorti de sous sa cape une lame courbée, et d’un geste de la main m’invita à approcher.
Je me baissais pour ramasser l’épée de Sareb, et équipé de mes deux lames, m’approchais prudemment de l’assassin. Après quelques secondes d’observations qui semblèrent durer une éternité, il entra soudain en action et fut sur moi avec une telle rapidité que j’eu a peine le temps de bloquer son coup en croisant mes épées. D’un mouvement de rotation je fis sauter l’arme de sa main et portais aussitôt un double coup en direction de sa tête, pour ne rencontrer que le vide. Mon adversaire s’était déjà accroupi anticipant mon attaque, et d’un mouvement de rotation me fit un balayage avec sa jambe. Me retrouvant au sol, il ne lui fallut pas longtemps pour récupérer son arme. Profitant de ma position de faiblesse il me porta aussitôt un coup que je bloquais de justesse au niveau de mon visage à la suite de quoi je lui balançais un violent coup de pied dans le ventre, le faisant reculer. J’en profitais pour me relever et repartir à la charge. Il esquiva avec agilité ma première attaque et bloqua la seconde avec son épée. J’esquivais de justesse sa main qui remontait vers mon visage, puis reculais d’un pas.
En un mouvement que j’aurai du mal à décrire, mon adversaire bondit, prenant appui sur le mur de la ruelle il se retrouva derrière moi et je sentis une douleur déchirante au bras gauche. Dans un cri de douleur je me retournais portant un violent coup de taille qui une fois encore rata totalement sa cible, la lame vint percuter le mur opposé et se brisa en deux. Désorienté par la soudaineté de cette cassure, mon adversaire en profita pour attraper mon bras blessé et m’attirer vers lui pour me donner un violent coup de poing dans le ventre. Le choc fut si violent que je me senti défaillir. Voyant le coup mortel arriver, je me jetais de tout mon poids sur lui, il ne résista pas à la charge et nous nous retrouvâmes tout deux au sol, après plusieurs roulades, je me retrouvais au dessus de lui. Ayant perdu ma seconde épée dans la chute, je me saisi de ses poignets serrant de toutes mes forces pour le faire lâcher prise, puis lui assenais un coup de coude en pleine face qui l’assomma pour le compte. Pensant en avoir fini avec lui je prenais le temps de souffler une seconde quand je senti ses pieds prendre appui sur mon torse, il me projeta par-dessus sa tête. Etendu sur le dos et sentant ma fin proche ma main s’agita frénétiquement a la recherche d’une quelconque objet pouvant parer la prochaine attaque qui serait sûrement mortelle, c’est à instant que je tombais sur le pommeau de mon épée cassée, je la saisi fermement et attendis. Mon adversaire se sachant vainqueur s’approcha lentement de moi, soulevant son arme au dessus de sa tête prêt à me porter le coup de grâce. C’est cet instant que je choisi pour lancer ma lame brisé en avant, dans un coup d’estoc désespéré, la lame brisée s’enfonça jusqu’à la garde dans son ventre lui arrachant un cri de surprise tout autant que de douleur. La douleur lui fit lâcher son arme, puis il tomba a genoux ses mains posées sur la garde de mon épée. Je me relevais et le regardais, il leva sa tête vers moi et pour la première fois je vis son visage. Nos regards se croisèrent et je lu dans le sien qu’il était vaincu, il attendait que je mette un terme a ses souffrances. Je ramassais son épée, et le regardant droit dans les yeux l’abattit violemment sur lui. Son corps sans vie s’écroula sur le sol. Sans plus attendre j’enjambais son corps et me dirigeais vers Sareb, je pris le corps de mon ami sur l’épaule et reparti vers mon poste de garde sans un regard en arrière. Ce soir là, la mort était passée très près mais les dieux en avaient décidé autrement.